Attention, un coach peut en cacher un autre
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Vous et vos collègues avez des doutes sur ce qui vous est demandé de faire, il y a des cas de souffrance au travail dans votre service ? Vous et votre service êtes mis en difficulté faute de moyens et d’effectifs pour réaliser le travail demandé, et vous le manifestez ?
La direction a des idées pour répondre à tout cela : le coaching collectif !
Depuis quelques mois, on voit se multiplier ces coachs qui débarquent dans un service pour une raison ou pour une autre. Ils s’installent et prétendent répondre à tous les problèmes posés qu’ils soient de l’ordre de la souffrance au travail, d’une défaillance d’encadrement, de l’expression légitime de manque d’effectifs. Quelle que soit la cause, leur réponse est unique : l’accompagnement au changement.
Cette nouvelle philosophie s’est installée progressivement à Radio France. D’abord par des formations classiques au titre de la formation professionnelle. On y prêche l’adhésion au changement considéré comme forcément positif par des objectifs pédagogiques comme ceux-ci : « comprendre les mécanismes du changement pour l’accepter », « transformer les contraintes en opportunité », « accepter l’incertitude pour gagner en flexibilité »...Certains cadres ont tenté d’y envoyer les fortes têtes pour les remettre dans le droit chemin.
Mais la formation individuelle ne suffit plus. Il s’agit maintenant de corriger les collectifs de travail, au risque d’aggraver des situations déjà très tendues.
On est alors passé au coaching de groupe. Ces coachs sont de différentes obédiences, méthodes « agiles » (DNM, Mouv’, documentation), méthode « changement émergent de Madeleine Laugeri » (Rédaction de France Culture). Quelle que soit la chapelle, ils visent à faire plier les collectifs de travail et ils provoquent des dégâts considérables. A ces méthodes s’ajoutent quelques clichés de psychothérapie. On a assisté à des déclarations du type « c’est normal que les choses aillent plus mal depuis notre arrivée, cela est indispensable à un rebond vers une amélioration » !!!
Sous prétexte d’assister les collectifs de travail à l’aide de différentes techniques dont de la prétendue psychothérapie de groupe, ou la technique des post it (!!) l’objectif est de rendre responsable le collectif de travail de dysfonctionnements et de convaincre les salarié-es qu’il est indispensable de participer aux changements imposés par la direction pour plus de performances.
Comment ? En convaincant les salarié-es de trouver eux-mêmes les solutions pour travailler plus avec moins de moyens. Cette philosophie inspirée du Lean Management crée à l’origine pour améliorer la rentabilité de l’industrie automobile (!) a fait ses preuves, elle est responsable d’une explosion des risques psychosociaux, les salarié-es s’imposant à eux-mêmes des méthodes de travail impossibles à supporter.
Une totale liberté étant accordée par la direction à ces nouveaux coachs dont on ne connaît pas vraiment les qualifications, on voit arriver des intervenants prétendument à l’écoute, sans aucun principe de fonctionnement, faisant fi de la nécessaire confidentialité pour les salarié-es, laissant la violence s’installer sous prétexte qu’elle a besoin d’être exprimée ! La psychologie de comptoir n’a pas sa place à Radio France, elle est dangereuse.
Le constat : causes des souffrances au travail volontairement éludées, collectifs de travail mis en danger, risques psychosociaux aggravés, arrêts maladie en hausse.
Ces coachings doivent être immédiatement stoppés car basés sur des présupposés erronés. Les salarié-es ne sont pas opposé-es au changement par principe. Mais ils s’interrogent sur le sens et les conditions qui accompagnent les réorganisations en cours. Ils ont leur libre arbitre, manifester leur désaccord ne veut pas dire qu’ils n’ont pas compris et qu’il est nécessaire de les convaincre du contraire par tous les moyens, toute modification des méthodes de travail n’est pas forcément acceptable.
La direction doit prendre ses responsabilités en assumant sa politique sans obliger les salarié-es à le faire à sa place.
Paris, le 17 Juillet 2018