Là-bas, ils n’y sont plus…
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« Là-bas si j’y suis » était une émission emblématique de France Inter. Un espace d’expression unique en son genre dans le paysage médiatique, qui avait conservé un auditorat nombreux et fidèle, malgré les changements d’horaires successifs imposés par la direction. Un rendez-vous quotidien où les auditeurs-trices pouvaient entendre des interlocuteurs-trices et des idées qu’on entend trop peu ailleurs dans les médias grand public. Des interlocuteurs-trices et des idées politiquement incorrectes, en rupture avec la pensée dominante.
Daniel Mermet, le producteur de « Là-bas si j’y suis », qui incarnait ce programme à l’antenne était depuis de nombreuses années une des « voix » de France Inter.
Quelles que soient les critiques, parfois légitimes, qui ont pu être émises sur l’émission et son fonctionnement, elles ne justifient en rien la brutalité avec laquelle ce programme a été supprimé et son producteur évincé. Tout semble avoir été fait pour qu’il ne puisse même pas annoncer à celles et ceux qui l’écoutent quotidiennement la fin de son émission, après de si nombreuses années d’existence. C’est de la part de la direction un manque de respect pour toute l’équipe, c’est un manque de respect pour les auditeurs-trices de France Inter.
Seule une partie de l’équipe de « Là-bas si j’y suis » produira à la rentrée une émission de reportage hebdomadaire d’une heure. On apprend que deux des membres de l’équipe se retrouvent sans travail et c’est inacceptable. La CGT exige que l’ensemble de l’équipe poursuive son travail de production dans l’esprit qui est le sien depuis des années et qui fait sa popularité.
La nouvelle émission pourra-t-elle conserver le même esprit frondeur ? La direction de France Inter laissera-t-elle la même liberté à l’équipe ? Déjà, réduire l’émission à une heure et la positionner le samedi à 15h00, heure de faible écoute, n’est-ce pas une manière détournée et un prétexte tout
trouvé pour la supprimer l’an prochain ?
Nous ne sommes pas dupes : au-delà de tous les arguments qui seront invoqués pour justifier l’éviction de Daniel Mermet et de son émission, nous voyons bien que l’espace d’expression libre qu’elle représentait est peu à peu réduit à la portion congrue, comme si la direction souhaitait, à terme, le faire disparaître. La CGT considère qu’il est pourtant du devoir du service public d’offrir à un auditoire le plus large possible des programmes tels que « Là-bas si j’y suis », à l’écoute de l’autre, qui contribuent au débat démocratique et qui ne trouveront jamais leur place sur les antennes des grands médias privés.
Paris, le 21 juillet 2014