Après plus d’une décennie d’antenne, Périphéries, le magazine de France inter dédié aux quartiers populaires s’est achevé en silence vendredi dernier. Annulé en raison de la place consacrée à la mort de Simone Veil, l’ultime épisode de cette saison 2016/2017 n’a pas été
diffusé. Le programme porté par le journaliste Edouard Zambeaux s’est donc éteint, sans même un au revoir aux auditeurs.

Douze années au total de micro tendu aux habitants des périphéries des villes. Autant de voix et de récits, éloignés des canaux institutionnels, difficiles à capter dans le tempo de l’actualité et sans une grande connaissance du terrain, seule arme capable de venir à bout des clichés.

Aucune émission n’est intouchable. La critique n’est pas interdite. Mais, à l’heure où discriminations et préjugés continuent malheureusement d’occuper une place importante dans notre société, que faut-il comprendre d’une telle suppression ?

Du jour au lendemain la direction de France Inter déclare vouloir « changer de regard » sur ces sujets, sans plus d’explication ni assurance qu’une nouvelle émission sera consacrée aux banlieues. Les
auditeurs sont en droit de s’interroger sur la pertinence d’une telle éviction.

Et quelle cohérence pour une radio qui, depuis les attentats de 2015, se flatte de porter le projet Interclass’ mettant en lien des journalistes et producteurs de la chaîne avec des collégiens d’établissements classés éducation prioritaire ? Un projet qui a d’ailleurs permis à
France inter de remporter le prix des médias CB News dans la catégorie « meilleure déclinaison de marque ».

Bien plus qu’une marque, Périphéries était une porte ouverte sur une réalité trop souvent racontée par ceux qui ne la vivent pas. Pour une fois, il n’était pas question de parler à la place des principaux intéressés. Avec des choix éditoriaux comme celui ci, il ne faudra pas
s’étonner de voir grandir cette défiance de plus en plus préoccupante à l’égard du monde médiatique.

Le 4 juillet 2017 à Paris