Réhabilitation de la Maison de la Radio : Un bâtiment à la dérive
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Dans son dernier Texto de communication/propagande, la direction titre « Réhabilitation : faire de la maison de Radio France un media à part entière » !
Cette dernière trouvaille montre la confusion dans laquelle veut nous faire évoluer la direction de Radio France : baptiser media toutes sortes d’activités, voire des lieux, pour mieux faire oublier notre activité fondamentale. Derrière ces inventions langagières et ces gesticulations, il y a en effet une réalité que les salarié-es de la maison de la radio subissent chaque jour : la dévalorisation et l’étouffement (par la réduction des moyens et la standardisation des contenus et des formes) de ce qui constitue le medium de Radio France : la radio.
Les salarié-es qui subissent, dans leur activité quotidienne, les coupes budgétaires toujours plus importantes, assistent, médusé-es à la proclamation d’un « nouveau média » : le bâtiment !
Derrière le décor sur papier glacé du Texto : la réalité du bâtiment
La réalité ce sont des nouveaux locaux (Tour, petite couronne, radiale) pour lesquels on ne compte plus les ratés : formaldéhydes, infiltrations d’eau sur les façades et verrières, odeurs nauséabondes, mauvaise isolation thermique et acoustique, problèmes de renouvellement d’air, de climatisation, locaux aveugles, self dans des espaces inadaptés, locaux radiophoniques exigus, construits pour certains sans préoccupations acoustiques, éclairage artificiel violent et inutilisable, parking inondé, services et directions localisés sans que jamais soit pris en compte le travail réel de chacun-e. Un double échec, architectural et fonctionnel, qui a provoqué l’exaspération des salarié-es, la mise en danger de leur santé, et le recours à des réparations et modifications assurées en partie par les personnels Radio France du bâtiment débordés de toute part. Un échec qui fait qu’un an et demi après l’emménagement dans ces locaux la plupart des locaux radiophoniques n’est toujours pas en service.
La réalité c’est un chantier que Radio France ne semble plus contrôler, pour le plus grand profit des entreprises, dont l’un des derniers rebondissements est la chute dans le studio 104 des 4 tonnes du faux plafond qui venait d’être posé. Radio France ne contrôle plus la qualité des travaux réalisés par les entreprises, c’est bien le chantier qui s’impose à la radio et non plus le chantier qui se déroule en fonction des activités radio.
La dérive du chantier
La réalité ce sont les changements permanents du projet dont l’explication réside là encore dans la recherche d’économie (projets de suppression des passerelles, inversion des phases de travaux) ou bien des « surprises » de dernière minute (on va manquer d’espace pour les déménagements au cours des travaux). C’est ainsi que la direction vient d’annoncer le projet d’implantation de certaines directions près du parking dans des ALGECO pudiquement dénommés « cité administrative ». C’est ainsi que la direction a décidé d’inverser les phases de travaux entre le côté B et le côté F du bâtiment, prétextant la possibilité de faire des économies.
Pour cela, elle n’a pas hésité à proposer la relocalisation de France Culture à Mangin sans se préoccuper de l’organisation du travail et de la production de la chaîne, écartelée entre Mangin et la Maison de la radio. Il semble que, devant la réaction du CHSCT et celle du personnel, elle ait renoncé à ce projet pour proposer de relocaliser France Culture au 8ème étage, là encore sans pleine connaissance de la réalité du travail des salarié-es. Cette méconnaissance des activités concerne également les salarié-es de la DPI pour qui rien ne semble avoir été réfléchi dans cette opération d’inversion de phase quant à la relocalisation des ateliers.
Improvisation, méconnaissance et mépris de la radio et des organisations du travail, recherche éperdue d’économie sont les 3 aspects de la politique de la direction dans ce domaine.
Le gâchis financier et humain
Malgré et peut être à cause de cette recherche d’économie, le chantier représente un véritable gâchis financier. Alors qu’il devait s’achever à l’été 2012 il va officiellement être prolongé jusqu’à fin 2016. Le maître d’œuvre va changer pour la phase 3, entraînant le versement d’indemnité par Radio France (plus de 3M d’euros versés à Architecture Studio), de nombreux litiges avec les entreprises du chantier sont en cours avec des retentissements financiers considérables pour Radio France.
Au total, le coût final estimé du chantier devrait s’élever à 380,3 millions d’euros alors que le contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014 signé avec l’État prévoyait un coût final de 345 millions d’euros. A cela s’ajoutent les charges de fonctionnement qui dépassent largement les 120 millions d’euros. Le budget pour aléas de 19,7 millions d’euros, consommé à plus de 70% … à l’issue de la phase 1, témoigne lui aussi des erreurs de conception du maître d’œuvre et de modifications permanentes de programme par la direction de Radio-France.
Cette dérive financière ne peut qu’inquiéter d’autant que les derniers projets de la direction laissent entrevoir une telle méconnaissance de l’activité qu’il y aura forcément des surcoûts dus à la correction des erreurs qui en découlent. La recherche d’économie systématique et mal pensée dans les investissements aura forcément des conséquences dans les frais de fonctionnement, avec des dépenses non prévues, le recours à des entreprises extérieures, avec les risques sur les prestations et les matériaux.
Ce sont nos conditions de travail pour les années à venir, c’est notre sécurité qui risquent d’être compromises par cette politique.
Non le bâtiment n’est pas un « média » de plus, c’est notre outil de travail, c’est l’outil qui nous permet de faire la radio de service public.
C’est la raison pour laquelle la CGT exige que la Maison de la Radio soit traitée comme telle et avec tout le soin que cela impose.
Le 17 avril 2013