Syndicalisme fiction Votre journée de travail du 13 janvier 2024 Feuilleton
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Premier épisode : l’arrivée
Comme vous habitez à 50 km de Paris, faute de logement dans Paris au loyer abordable pour votre salaire qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années (eh oui le NAC est entré en application et a supprimé
tous les automatismes), vous avez dû partir à 6h du matin pour commencer à 9h : deux heures de trajet en voiture puis une heure de marge pour être certain-e de trouver une place.
Radio France avait bien construit un parking de 800 places mais il a été concédé à Vinci en 2014, pour 15 ans…renouvelable. À l’époque, la direction avait promis que tout-e salarié-e, faisant la demande, aurait
une place garantie dans ce parking. Mais voilà, après quelques mois durant lesquels le tarif de 30 euros mensuels (c’était déjà pas donné pour venir travailler) a été maintenu, Vinci a considéré que ces places
allouées aux salarié-es n’étaient pas rentables. Il fallait les récupérer pour faire un maximum de profits avec les visiteurs de la maison de la radio, les spectateurs et les riverains prêts à verser des milles et des cents pour une place de parking. Alors Vinci a porté le tarif salarié-es à 130 euros mensuels. Opération réussie : À part quelques cadres de direction, les salarié-es, comme vous José-e, ont été repoussé-es dehors.
Le quartier est donc totalement engorgé d’autant que beaucoup, qui travaillent en horaires décalés, doivent prendre leur voiture.
Manque de chance, ce matin, après un embouteillage, vous êtes arrivé-e trop tard et les places sont rares.
Vous vous présentez à la porte B à 9h15. Vous saluez Julien, le vigile (oui maintenant c’est comme ça qu’on appelle les agents d’accueil et sécurité). Il est seul et tente d’expliquer son chemin à un invité de France Inter égaré. Derrière, deux personnes s’impatientent et menacent de passer par-dessus les tourniquets réservés au personnel. Julien sue à grosses gouttes, stresse… mais reste maître de la situation. Cette journée, comme toutes les autres, s’annonce épuisante pour lui, qui devra gérer les conflits et d’éventuelles agressions seul. Mais son chef lui a assuré que grâce à la caméra,
il n’était jamais vraiment seul !…
Pas de bol, vous ne trouvez pas votre badge : impossible, sans lui, de passer le tourniquet. Les minutes passent. Julien étant débordé, vous tentez de faire signe à la caméra avec l’espoir que l’opérateur chargé de scruter les 52 écrans liés aux 52 caméras placées dans la maison de la radio pourra intervenir. Mais il n’a pas le droit : le badgeage est obligatoire pour rentrer ! Il vous regarde, impuissant, péter les
plombs en direct.
Après cet obstacle, il vous faudra de toute façon votre badge puisqu’au cours de la journée vous devrez franchir une multitude de bornes comme celle de l’ascenseur, dans l’agora, pour revenir de la cafeteria ou celles situées à l’entrée de tous les paliers depuis
les foyers… Depuis que Monsieur Hees a déclaré en 2014 que la maison de la radio serait dorénavant un lieu ouvert pour le public, la maison s’est fermée aux salarié-es !
Big brother vous piste et vous voit car tous ces points sont filmés de même que les entrées des studios. Ce qui était en 2014 présenté comme la sécurisation rendue nécessaire par l’ouverture au public est devenu un système de surveillance des salarié-es !
Vous retrouvez votre badge au fond d’une poche. Il est 9h30 et vous pouvez enfin passer. Après avoir salué Julien, toujours seul, et en prise avec de nouveaux arrivants, vous arrivez essoufflé-e dans votre bureau au 13ème étage de la tour après avoir badgé une nouvelle fois dans l’ascenseur. Il est 9h45, vous avez dû attendre longuement le seul ascenseur encore en état de marche. L’autre est en réparation depuis de longues semaines. Devant la porte de votre bureau, vous êtes accueilli-e par Francky, votre responsable. « Alors, José-e, encore en retard ! Arrivée à 9h31 à la borne B, passage à 9h45 à la borne G de l’ascenseur ! C’est inadmissible ! Ta prime variable va s’en
ressentir ce mois-ci ! »
Suite de la journée…après les élections.
Toute ressemblance avec des personnes futures est
fort probable…si on laisse faire !
13 janvier 2014