Avis du CHSCT pidf sur le déménagement de France Inter et ses conséquences (22/06/2004)
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La Direction de Radio France a choisi puis organisé dans le cadre d’un redéploiement suite à l’injonction d’évacuation des structures métalliques de la maison de la radio (tour, petite couronne, radiales) de déménager France Inter. L’encadrement de France Inter a affirmé aux salariés, puis à l’expert, n’avoir accepté ce déménagement qu’avec l’assurance d’une conservation des moyens de production à un même niveau qualitatif, la préservation et l’amélioration des conditions de travail. Les deux directions se sont engagées à un retour dans la Maison de la Radio mettant en avant l’opportunité d’améliorer les conditions de travail.
Les réactions des salarié(e)s, les différentes visites, l’étude du projet, le rapport d’expertise montrent que ces conditions ne sont absolument pas réunies.
Notre constat : la Direction de Radio France a donc choisi d’installer France Inter dans des locaux conçus pour des activités de bureau et non de radio.
La surface totale est inférieure à celle qu’occupait France Inter dans la maison de la radio.
Cette restriction d’espace a induit une organisation de travail différente.
L’absence de prise en compte des liens fonctionnels que cette chaîne entretenait avec un certain nombre de services indispensables à son fonctionnement et à la production d’une radio de qualité va inévitablement induire une dégradation des conditions de travail des salarié(e)s de France Inter et d’un certain nombre de salarié(e)s restant à la maison de la radio.
- L’espace
La surface limitée conduit la direction de Radio France à imposer le travail en « open space » à des salariés qui ont besoin d’isolement tant pour des raisons de confidentialité professionnelle que pour leurs activités d’élaboration et de conception qui rappelons-le sont basées sur le son (activités de montage en particulier). Ce type d’espace induira des nuisances sonores incompatibles avec les activités liées à l’élaboration des émissions. Les émissions hebdomadaires particulièrement touchées par ces « open space »nécessitent en effet un travail de préparation quotidien durant la semaine. Les équipes de ces émissions seront donc inévitablement amenées à travailler au même moment dans le même espace contrairement aux affirmations de la Direction. Cette situation obligera les équipes à travailler au casque (pénibilité et incidences sur la santé, stress accru).
La surface limitée conduit également à la suppression d’un certain nombre d’espaces indispensables au bon fonctionnement de la chaîne et à des conditions de travail normales des salarié(e)s (salles de réunion, salle de permanence des techniciens, espaces fumeurs ......).
La surface limitée entraîne la réduction de tous les espaces de travail dont les salariés disposaient antérieurement. C’est ainsi que l’émission « alter ego » qui disposait de 5 bureaux (meubles) n’aura plus que 3 bureaux dans la disposition future.
Cette réduction des espaces implique également la quasi disparition de tout espace de rangement et de stockage (documents professionnels et affaires personnelles).
La surface limitée est également le prétexte à une cohabitation de tout ce qui est gestion, plannings des moyens techniques et de production. (un nouveau terme pour cela : le booking).
Enfin la surface limitée est responsable de nombreuses installations inadéquates concernant les recommandations relatives au travail sur écran qui conduiront à terme à des problèmes de santé des salarié(e)s concerné(e)s.
- Les conditions de vie et l’hygiène
Le nombre de toilettes existant dans les nouveaux locaux est bien inférieur aux normes du code du travail : art. R. 232-2-5 (exemple pour le 5ème étage on compte plus de 79 personnes - hors technique et visiteurs - ).
L’implantation même des toilettes pose problème dans le cadre d’open space (non respect de l’intimité, nuisances sonores et olfactives).
Aucun espace fumeur n’a été installé dans les locaux « Mangin ». La direction s’est engagée à appliquer et à faire respecter la loi.
La salle de repos des techniciens se trouve dans un espace tellement réduit qu’il n’y a pas la place pour installer un seul lit. Aucune séparation entre femmes et hommes n’est prévue. De plus un caisson de climatisation rend cet espace non compatible avec le repos.
La circulation entre l’immeuble « Mangin » et la maison de la radio va poser des problèmes à tous niveaux : sécurité, intempéries, durée qui imposeront de nouvelles contraintes notamment au niveau du transport des documents nécessaires à la conception des émissions (disques, livres, doc papier, objets promotionnels). Ces contraintes seront quotidiennes, elles ont été systématiquement minimisés par la direction.
Seul un début de réflexion a été mené sur les conditions de restauration des personnels de France Inter. Un certain nombre de ces salarié(e)s, compte tenu de l’éloignement et du temps très bref dont ils disposent, vont avoir de grandes difficultés pour se restaurer.
- La technique
L’installation d’une radio dans des espaces de bureaux a conduit la direction de Radio France à engager de lourds investissements pour la réalisation de studios. Cependant la quasi absence de lumière naturelle, le rendu des couleurs et le choix des formes de la décoration acoustique provoquent une déformation du champ visuel accentuée par la vitre non traitée anti reflet et non inclinée. Cette déformation visuelle entraîne un malaise physique certain.
La permanence du journal qui jusque là était réalisée aux studios 133 et 134 se retrouve maintenant dans une cellule avec obligation de travailler au casque pour les deux parties (7ème étage, 3 et 7 m2). Le bâtiment est équipé d’un onduleur et d’un groupe électrogène (initialement installés) sur lesquels des doutes subsistent quant à leur puissance en cas de coupure de courant.
Nous rappelons que France Inter, radio de service public, a l’obligation de continuité d’antenne.
La maintenance est en open space au risque de vols de matériels couteux.
- Les liens fonctionnels
Malgré les multiples alertes des salarié(e)s et de leurs représentants, les conséquences du déménagement sur les liens fonctionnels qu’entretient France Inter avec les services transversaux n’ont jamais été prises en compte. Ce refus s’il persiste aura des répercussions extrêmement graves sur les conditions de travail des salarié(e)s d’Inter, sur celles des salarié(e)s des services transversaux et sur le contenu de l’antenne.
- Les aspects psychologiques
Promiscuité, manque de confidentialité et d’espace, bruits et nouvelles contraintes vont déclencher davantage de stress et de conflits.
La séparation d’avec la Maison de la Radio va provoquer, comme on le constate déjà pour les salariés de la DGATTN, un sentiment d’isolement et de mise à l’écart. Ce sentiment accentué par l’angoisse du non-retour risque de prendre un aspect anxiogène chez certains salarié(e)s.
- L’organisation de la sécurité
Aucune antenne n’est attachée au Mangin (pompier, infirmier(ère).
Les élu(e)s du CHSCT sur la base du travail de l’expert Emergence et des visites et suggestions des salarié(e)s souhaitent faire un certain nombre de recommandations dont la liste suit :
Recommandations du CHSCT
- L’espace
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- Prise en compte des recommandations relatives aux surfaces des espaces de travail (9m2, INRS etc...), et au travail sur écran.
Installation systématique d’écrans plats.
- Prise en compte des recommandations relatives aux surfaces des espaces de travail (9m2, INRS etc...), et au travail sur écran.
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- Transferts à « Mangin » d’autant de postes de travail pour chaque service ou émission que ceux dont disposait le service ou l’émission dans la Maison de la Radio.
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- Mise en place d’un système d’accès aux prises électriques qui supprime tout recours à des branchements impliquant des passages de fils électriques au sol dangereux. Ecarter les bureaux des potences électriques (l’installation de certains salarié(e)s étant actuellement impossible, une potence électrique se situant au milieu de l’espace ou devrait se situer le fauteuil).
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- Installations de salles de réunion pour les personnels (en particulier ceux attachés aux programmes d’Inter).
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- Renoncement aux « espaces ouverts » et bureaux collectifs (recouvrant plusieurs émissions ou activités) partout où les activités ne conviennent pas à ce type d’espace : émissions, booking, maintenance du CTA.
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- Installation d’une salle de permanence afin que les technicien(nes) soient toujours joignables, et qui leur permettra de récupérer entre deux travaux. Elle devra se situer à proximité de la régie et être équipée à l’identique de celle de la Maison de la Radio.
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- Permutation des bureaux des responsables de maintenance avec le bureau de la formation professionnelle.
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- Installation d’espaces de rangement de documents et de stockage de matériel technique.
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- Installation d’un local cloisonné pour le photocopieur au 8ème étage.
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- Attribution de surfaces en fonction du nombre de personnes et non du prestige du producteur.
- Les conditions de vie, de travail et l’hygiène
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- En application de la loi Evin la Direction, en l’absence d’espace fumeurs avec extraction d’air spécifique a l’obligation d’interdire de fumer dans l’ensemble du bâtiment Mangin (bureaux fermés compris) afin de protéger les non fumeurs du tabagisme passif. Le hall ne peut être un espace fumeur.
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- Permettre l’accès à la restauration pour les personnels d’Inter dont l’organisation du travail consacre un court laps de temps pour le repas selon le principe suivant : ‘le salarié va se restaurer ou bien la restauration vient au salarié’.
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- Respect des recommandations du code du travail relative aux toilettes (un cabinet et un urinoir pour 20 hommes, deux cabinets pour 20 femmes)
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- Veiller à ce que les espaces boissons et viennoiseries ne gênent pas les salarié(e)s qui travaillent à proximité par l’installation de parois isolantes autour de ces espaces.
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- Agrandissement de la salle de repos des techniciens qui doit pouvoir accueillir 4 personnes avec une séparation hommes/femmes.
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- Ouverture de la baie vitrée du local courrier du 8ème étage afin de permettre l’échange et la convivialité et d’éviter un sentiment de confinement pour la personne responsable du courrier. Mise en place d’une boîte à lettre à proximité de ce local. Toutes les boîtes aux lettres (72) doivent avoir une ouverture sans clé (un regard).
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- Au standard d’émission du 8ème étage supprimer la dénivellation de 10 centimètres.
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- Faire procéder à une mesure sonore de la climatisation et remettre aux normes.
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- Attribution du parking P3 pour les personnels du Mangin.
- La technique
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- Test en situation réelle de l’onduleur et du groupe électrogène avant toute installation de l’antenne. Remplacement si nécessité afin que la continuité de l’antenne soit assurée.
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- Pose de glace anti reflets, inclinaison des vitres des studios 71, 72 et 81.
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- Reconsidération des éléments de décor liés à l’architecture acoustique des mêmes studios.
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- Assurer la permanence journal dans un studio et non pas dans une cabine.
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- Revoir la couleur des cabines d’insert.
- Les liens fonctionnels
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- Assurer une antenne de la documentation d’actualité au sein des locaux de France Inter.
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- Equiper chaque étage de France Inter d’une imprimante A3.
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- Etudier l’impact des nouveaux usages en terme de fréquentation sur les différentes plages horaires de l’ensemble des services de documentation
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- Finaliser le cahier des procédures des navettes et le communiquer (fréquences, modalités...)
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- Etude des modalités fonctionnelles entre la rédaction et le CTR.
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- Mise en place d’une navette pour la maintenance technique et précisions des modalités.
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- Précisions des modalités de fonctionnement du poste de premiers secours
Pour conclure, l’ensemble de ces recommandations fait ressortir la nécessité impérative de disposer pour les locaux provisoires de France Inter de plus d’espace (un étage supplémentaire).
A la lumière de ces éléments les élu(e)s du CHSCT, constatent une évidente dégradation des futures conditions de travail tant matérielles que psychologiques, collectives et individuelles.
Ils ne peuvent donc que porter un avis négatif sur le déménagement de France Inter et ses conséquences.
Avis adopté à l’unanimité des élu(e)s